





Nuit Debout geht weiter- und die Debatten darüber auch…. (Ergänzung Anfang Mai)
Die Nuit Debout-Bewegung hat sich nach der kurzen Platzräumung im April wieder fest auf der Place de la République eingerichtet. Und damit geht auch in den französischen Medien die Berichterstattung darüber mit großer Intensität weiter. Und begleitend dazu auch die Debatten, wie diese Bewegung einzuschätzen ist, wen sie überhaupt betrifft und welche möglichen Konsequenzen sich daraus ergeben könnten.
Zunächst zeigen einige aktuelle Fotos von Frauke, wie es Ende April/Anfang Mai auf der Place de la République in Paris aussieht: Kennzeichnend sind da vor allem die vielen kleinen Diskussionsgruppen. Der politische Charakter der Bewegung bestimmt inzwischen im Vergleich zu den Anfängen viel deutlicher das Geschehen auf dem Platz.
Danach werden zwei Artikel aus Le Monde wiedergegeben.
Im ersten Artikel vom 26.4. geht es um den verbreiteten Vorwurf, bei den Teilnehmern von Nuit Debout handele es sich um eine kleine Gruppe von sogenannten „bobos“, also vor allem um junge Menschen aus der Schicht der „bourgeois-bohème“. In dem Artikel wird ein kurzer Abriss der Entwicklung dieses Begriffs gegeben und dann die Gegenthese aufgestellt, bei den sogenannten bobos handele es sich heute nicht mehr um eine kleine privilegierte Minderheit, sondern um eine große und durchaus nicht immer privilegierte Gruppe, die oft in ähnlich prekären Arbeitsverhältnissen leben wie die Jugendlichen aus den „milieux populaires“.
Der zweite Artikel –der Text eines Autorenkollektivs- ist aus zwei Gründen besonders interessant: Einmal wegen seiner geradezu hymnischen Einschätzung des Potentials der Nuit-Debout-Bewegung. Wenn es ihr gelinge, Brücken zur Arbeiterbewegung zu schlagen und zu den Opfern der soziokulturellen Segregation könne sie eine grundlegende Veränderung der Gesellschaft bewirken. Am Schluss des Artikels wird deshalb dazu aufgerufen, sich in der Bewegung zu engagieren und damit zur Konstruktion einer besseren Welt beizutragen. Zum anderen ist der Artikel interessant wegen der Autoren, die ihn unterzeichnet haben: Unter anderem der Soziologe und Wirtschaftswissenschaftler Frédéric Lordon, der sich von Anfang an bei und für Nuit Debout engagiert hat, die Schriftstellerin Annie Ernaux, wie Lordon übrigens eine entschiedene Kritikerin des weiter verlängerten État d’urgence, und der deutsche Sozialforscher Wolfgang Streeck, bekannt geworden –auch in Frankreich- vor allem durch sein Buch „die gekaufte Zeit“, das auf den Frankfurter Adorno-Vorlesungen von 2012 beruht und aus linker Perspektive die Einführung des Euro kritisiert.
„Vollversammlung“ auf der Place de la République
Kostenlose juristische Beratung der „aufrechten Rechtsanwälte“
Diskussionsgruppen auf dem Platz
Die aufrechten Feministinnen
Die Commission gegen den Ausnahmezustand
Avec Nuit debout, le retour des tentatives de définition du mythique « bobo »
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2016/04/26/avec-nuit-debout-le-retour-des-tentatives-de-definition-du-mythique-bobo/ 26. April 2016
„Ils vivent dans les beaux quartiers / Ou en banlieue, mais dans un loft / Ateliers d’artistes branchés / Bien plus tendance que la Rive gauche / Ont des enfants bien élevés / Qui ont lu Le Petit Prince à six ans / Qui vont dans des écoles privées / Privées de racaille, je me comprends.“
Voici le tableau assez critique que dressait Renaud en 2009 de cette „nouvelle classe“ de citoyens, les „bourgeois-bohème“ à la française. Même 7 ans plus tard, alors que le mot est devenu si banal, insulte si facile ou badge de fierté si prévisible, la chanson reste un indicateur du flou qui entoure la dénomination. Des idées ou des concepts reviennent : entre-soi, gentrification, fort capital culturel… Mais une définition précise, irrévocable, a du mal à s’imposer.
En 2010, la sociologue Camille Peugny expliquait dans Les Inrocks que le terme était utile pour désigner les hommes et les femmes diplômés et issus de la bourgeoisie, mais qui refusaient une partie de leur héritage culturel. Mais elle n’allait pas jusqu’à en faire une catégorie socioprofessionnelle homogène.
„C’est une personne qui a des revenus sans qu’ils soient faramineux, plutôt diplômée, qui profite des opportunités culturelles et vote à gauche.“
Un „bobo“ peut être issu de la grande bourgeoisie comme de la petite classe moyenne, il peut vivre en centre-ville comme en banlieue. On le définit donc davantage par son mode de vie, ses attributs. C’est quelqu’un qui fait du vélo. C’est quelqu’un qui est abonné à Télérama. C’est quelqu’un qui mange bio, qui a une profession artistique, créative ou intellectuelle. C’est quelqu’un qui vote à gauche. Autant de cases qu’on peut remplir pour atteindre le top niveau „bobo“. Et souvent, ces cases sont remplies par ceux qui veulent définir quelqu’un qui les agace profondément.
Insultes et revendications
Le concept est resté suffisamment vague pour devenir une insulte, tellement banale que même les hommes politiques l’ont intégré à leur arsenal. Même les hommes et femmes politiques d’extrême droite, comme Marion Maréchal Le Pen qui, pendant la campagne des régionales en 2010, lançait cette phrase qui a valu sûrement plusieurs minutes de travail avec son conseiller : „Dix bobos qui s’extasient devant des taches rouges, ce n’est pas ma conception de la culture.“
Face à cet emploi majoritairement dépréciatif, il y a eu des initiatives pour réhabiliter le terme. Il y a deux ans, les journalistes Laure Watrin et Thomas Legrand publiaient La République bobo, qui dénonçait la construction purement médiatique du mot – rejeté par nombre de sociologues – et voulait démontrer que le mode de vie en question, s’il est très individualiste, se préoccupe (aussi) de l’avenir de la planète et des moyens de recréer du lien social.
Dans cette mesure, arguaient les auteurs, le bobo est peut-être en train de réinventer des façons d’être ensemble dans une société morcelée. Certains, comme Solange te parle, franchissaient même le Rubicon et revendiquaient leur „boboïtude“.
Nuit debout et le grand retour de l’insulte „bobo“
L’émergence du mouvement Nuit debout au cœur de Paris a été l’occasion de lancer une nouvelle saison de l’interminable série de définition sociologique du „bobo“. Le chroniqueur Eric Verhaegue a écrit sur Figaro Vox „Nuit debout, le crépuscule des bobos“, où il s’étonne de „l’homogénéité sociale“ de cette „gauche bobo“ qui se réunit place de la République.
On y retrouve les accusations traditionnelles. Privilégié, le bobo est par nature „déconnecté“, des ouvriers, des jeunes issus de l’immigration, des salariés et même des familles. Or, comme nous l’expliquions plus haut, le terme „bobo“ se rapporte précisément à une classe fourre-tout, mal définie, résolument non homogène en termes de revenus et d’origine sociale et dont le dénominateur commun est plutôt du côté du capital culturel.
Dire que les bobos sont place de la République, c’est donc admettre, en un sens, que le mouvement est socialement hétérogène, même s’il est culturellement unifié.
Une accusation dont se saisit l’auteur de livres pour enfants Eric Sénabre, dans une tribune publiée dans Libération : „Et si on fichait la paix aux bobos ?“ Il décrit son mode de vie bobo avec des mots et les arguments, là aussi, traditionnels – vélo, lait de soja, jeux éducatifs en bois pour les enfants – avant de poser la question : „Est-ce un crime ?“ Reprenant en substance l’argumentaire développé par les auteurs de La République bobo, il réfute l’idée d’une classe sociale homogène et financièrement privilégiée, avant de dénoncer la facilité de cette insulte passe-partout qui permet de discréditer instantanément tout ce à quoi elle s’applique :
„Le mariage pour tous ? Une idée de bobos. L’écologie ? Un passe-temps de bobos. La fraternité ? Une lubie de bobos. Aujourd’hui, le mot bobo est devenu la réponse à tout, les deux syllabes qui disqualifient d’emblée tout projet humaniste. C’est que le bobo est, par définition, incapable de sincérité.“
„Ce n’est plus une minorité privilégiée, c’est la masse“
Discréditer Nuit debout en la décrivant comme un „mouvement bobo“ n’est pas forcément efficace, notamment parce que le terme a fait du chemin depuis son apparition, et recouvre une catégorie socioprofessionnelle qui a muté, comme le souligne le sociologue Emmanuel Todd, interrogé par Fakir, le journal créé par François Ruffin, auteur du documentaire Merci patron !„Les jeunes diplômés du supérieur, c’est désormais 40 % d’une tranche d’âge. Ce n’est plus une minorité privilégiée, c’est la masse.“ Et que ça n’a plus de sens de ranger tout le monde à la même enseigne de „privilégiés“ :
„Les stages à répétition, les boulots pourris dans les bureaux, les sous-paies pour des surqualifications, c’est la même chose que la fermeture des usines, que la succession d’intérim pour les jeunes de milieux populaires“
« Nuit debout peut être porteur d’une transformation sociale de grande ampleur »
LE MONDE | 03.05.2016
Par Collectif
Les crises ouvrent le champ des possibles, et celle qui a commencé en 2007 avec l’effondrement du marché des subprimes ne déroge pas à la règle. Les forces politiques qui soutenaient l’ancien monde sont en voie de décomposition, à commencer par la social-démocratie, qui a franchi depuis 2012 une étape supplémentaire dans son long processus d’accommodement avec l’ordre existant. En face d’elles, leFront national détourne à son profit une partie de la colère sociale en jouant d’une posture prétendument antisystème, alors même qu’il n’en remet rien en cause, et surtout pas la loi du marché.
C’est dans ce contexte qu’est né Nuit debout, qui célèbre ces jours-ci son premier mois d’existence. Depuis la chute du mur de Berlin, la contestation du néolibéralisme a pris des formes diverses : gouvernements « bolivariens » en Amérique latine dans les années 2000, « printemps arabes », Occupy Wall Street, « indignés » espagnols, Syriza en Grèce, campagnes de Jeremy Corbyn et Bernie Sanders en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis… Les historiens futurs qui se pencheront sur notre époque se diront sans doute qu’elle fut particulièrement riche en mouvements politiques et sociaux.
La France n’est pas en reste. Des grandes grèves de novembre-décembre 1995 aux mobilisations en cours contre la loi El Khomri, en passant par le mouvement altermondialiste – la création d’Attac en 1998 notamment –, l’opposition au CPE en 2006 et à la contre-réforme des retraites en 2010, les occasions de contester cette « nouvelle raison du monde » furent nombreuses. Elles n’ont pas été concluantes, puisque la crise n’a pas sonné le glas des politiques néolibérales, mises en œuvre aujourd’hui à l’échelle planétaire avec plus d’agressivité que jamais.
Enjeux stratégiques
Malgré des difficultés et parfois même des échecs, les créations d’organisations ambitionnant d’incarner cette gauche antilibérale et anticapitaliste ont offert, chaque fois, des occasions de se coaliser, d’accumuler des expériences et de l’intelligence collectives.
AVEC L’UN DE SES AXES, « CONTRE LA LOI EL KHOMRI ET SON MONDE », NUIT DEBOUT PARVIENT À ARTICULERUNE EXIGENCE ESSENTIELLE, LE RETRAIT D’UNE LOI PORTEUSE D’UNE TRÈS GRAVE RÉGRESSION SOCIALE, ET LA CRITIQUE RADICALE DE TOUT UN SYSTÈME.
Nuit debout est un mouvement sui generis, doté de caractéristiques propres. Mais il est aussi l’héritier de cette séquence, des bilans – positifs ou négatifs – tirés par les réseaux militants de ces expériences antérieures. L’histoire avance par conjectures et réfutations.
Un mouvement aussi jeune que Nuit debout est enthousiasmant, bien que forcément parfois confus. Ce qui impressionne toutefois dans son cas, c’est le sérieux avec lequel y sont discutés les enjeux stratégiques auxquels il est confronté. Avec l’un de ses axes, « contre la loi El Khomri et son monde », il parvient à articuler une exigence essentielle, le retrait d’une loi porteuse d’une très grave régression sociale, et la critique radicale de tout un système. L’une des perspectives qui le traverse et auquel il travaille, la grève générale, apparaît décisive pour opérer la jonction entre occupation des places et mobilisation sur les lieux de travail et remporter une victoire qui serait fondamentale.
Les critiques du mouvement n’ont pas manqué de lui reprocher sa composition sociale, la surreprésentation – réelle ou supposée, nul n’en sait rien à ce stade – en son sein de personnes à fort « capital culturel ». Ces mêmes critiques ont pointé l’absence des habitants des quartiers populaires, et notamment des immigrés postcoloniaux.
Quiconque a passé ne serait-ce qu’une heure place de la République ou sur les autres places occupées sait qu’une part considérable des débats en cours porte précisément sur les limites du mouvement, et sur la façon de les dépasser. Comment mieux s’associer avec les syndicats et la classe ouvrière ? Par quels biais susciter la mobilisation des victimes de la ségrégation sociospatiale et du racisme ? Quel « débouché politique » le mouvement doit-il se donner, s’il doit s’en donner un ? En assemblée générale aussi bien que dans les commissions thématiques, ces questions sont omniprésentes.
Transformation sociale
Les réponses sont certes hésitantes, parfois maladroites, et autour d’elles se cristallisent des désaccords. Mais les désaccords portent sur des enjeux réels. Nuit debout est un mouvement exigeant avec lui-même, qui ne sous-estime pas l’ampleur des défis à venir. Si le potentiel émancipateur d’une mobilisation dépend de la conscience qu’elle a de ses propres limites, et de sa volonté de les transcender continuellement, alors il est permis d’espérer que Nuit debout donnera lieu, dans les prochains mois ou années, à une transformation sociale de grande ampleur.
SI L’ARTICULATION S’OPÈRE AVEC DES SECTEURS DU MOUVEMENT OUVRIER ET LES RÉSEAUX ASSOCIATIFS ISSUS DES QUARTIERS, RIEN NE POURRA ARRÊTER CE MOUVEMENT.
Comme disait Gramsci, nous sommes tous des intellectuels, mais nous n’exerçons pas tous la « fonction » d’intellectuel. Le capitalisme a créé pour ses besoins une classe d’individus qui fait profession de lire et écrire. En tant qu’universitaires, nous appartenons à cette classe, même si nous sommes aussi des militant(e)s. Avec le dépassement du capitalisme, cette classe disparaîtra, et l’élaboration intellectuelle cessera alors d’être un privilège social.
Nuit debout n’a nul besoin d’intellectuels pour réfléchir. La production d’idées est immanente au mouvement, dont chaque membre est un intellectuel, et l’ensemble un intellectuel « collectif ».
Nous qui exerçons professionnellement la « fonction » d’intellectuels, nous voulons dire à ce mouvement notre admiration. Notre admiration devant son courage – il en faut pour résister aux constantes intimidations des tenants de l’ordre existant. Notre admiration devant sa capacité à identifier les défis stratégiques du moment, et à essayer d’y apporter des réponses novatrices. Si l’articulation s’opère avec des secteurs du mouvement ouvrier et les réseaux associatifs issus des quartiers, rien ne pourra arrêter ce mouvement.
Les crises ouvrent le champ des possibles, mais le risque est grand de le voir se refermer aussitôt sous la pression de forces réactionnaires. Nuit debout contribue à élargir ce champ, permettant ainsi aux forces révolutionnaires de converger. Nous appelons toutes les personnes et organisations qui ne se résolvent pas au monde tel qu’il va à rejoindre les places, et à prendre part, dès maintenant, à la construction d’un autre monde !
Signataires : Tariq Ali, écrivain ; Ludivine Bantigny, historienne ; Cédric Durand, économiste ; Elsa Dorlin, philosophe ; Annie Ernaux, écrivain ; Bernard Friot, sociologue ; Razmig Keucheyan, sociologue ; Stathis Kouvelakis, philosophe ; Frédéric Lordon, philosophe ; Leo Panitch, sociologue ; Wolfgang Streeck, sociologue
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/03/nuit-debout-peut-etre-porteur-d-une-transformation-sociale-de-grande-ampleur_4912446_3224.html#aGdVZeeyKJhyHZ1C.99
Danke für den Blog! Ja, es gab in der FR auch einen Bericht diese Woche und vorgestern im Radio auf SWR 2 auch, sie haben „Nuit Debout“ sehr gut, wie ich finde, mit „Aufrecht durch die Nacht“ übersetzt. Man kann hoffen, dass die Räumung des Platzes niemanden verjagt hat!
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Super Idee, dieser Blog! Vielen Dank! Hatte übrigens heute gerade in der FAZ einen Bericht darüber gelesen „Die Nacht des 43. März“ LG Waltraud
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